BPA : scandale sanitaire ou brouillard marketing ?

BPALe Bisphenol A est le vilain à la mode dans les média et de fait, sa composition est hautement suspecte.

J’ai voulu en avoir en cœur net : que disent les études scientifiques sur la toxicité de cette molécule ?Petit rappel : le PBA, quezaco ?

L’industrie chimique s’intéressa en 1930 au BPA comme œstrogène de synthèse pour les pilules contraceptives. Un meilleur candidat ayant été retenu, le BPA fut mis au placard puis il en ressorti en 1960 comme ingrédient dans la fabrication de certains plastiques.

L’industrie chimique s’inquiéta-t-elle de vérifier si c’était une bonne idée de saupoudrer d’œstrogènes nos emballages alimentaires ? Pas le moins du monde.

Les pouvoirs publics non plus d’ailleurs. Il fallu attendre 2006 pour qu’une DJA (dose journalière admissible) lui soit attribuée.

C’est donc maintenant officiel, le BPA est suspect. Suspect de quoi ?

Que disent les études scientifiques ?

Il a plusieurs centaines d’études sur les effets du BPA et, évidemment, les résultats sont contradictoires.

Pour tenter d’y voir clair, il faut se tourner vers des méta-analyses, c’est à dire, des synthèses d’études. Un groupe de scientifiques liste toutes les études sur un sujet puis fait le tri de celles qui sont sérieuses et celles qui ne sont que des écrans de fumée, financées par un lobby quelconque.

Et là intervient un premier biais : selon quels critères faire ce tri ? J’ai analysé pour vous 3 méta-analyses. (oui, on en est à analyser des analyses…). Deux (celle du RES et de la Communauté Européenne) donnaient la liste des études prises en compte. Et bien ces deux méta analyses n’avaient AUCUNE étude en commun. Ce qui veut dire que toutes les études jugées sérieuses par l’une avaient été disqualifiées par l’autre. Intéressant n’est-ce pas ?

Aussi décourageant que cela puisse paraître, l’analyse de ces analyses permet tout de même de tirer quelques conclusions.

Que disent les méta analyses ?

Les méta-analyses les mieux référencées (mais il doit y en avoir d’autres) sont celles du

  • Réseau Environnement Santé (RES), un regroupement d’associations écologistes
  • U.S. Environmental Protection Agency
  • EFSA (agence sanitaire européenne)

Le RES (1) conclut que

  • 94% des études montrent que le BPA a des effets toxiques sur l’homme ou l’animal.
  • lesdits effets sont incroyablement variés : obésité, maladies cardio vasculaire, cancer, troubles de la personnalité, malformations congénitales, baisse de la fertilité, troubles respiratoires, troubles hépatiques. On ne peut qu’être terrifié: même l’uranium enrichi ne peut se vanter d’être à ce point multi-tâche.
  • ces effets sont observés à faible dose.

L’ U.S. Environmental Protection Agency (2) a trouvé que ces faibles doses étaient presque toutes entre 10 et 1000 fois supérieures aux doses d’exposition constatées dans la population américaine…

L’EFSA conclut (3), comme l’étude américaine,

  • que les doses d’exposition de la population européenne (entre 0.052 et 0.33 μg/kg/jour) sont inférieures aux doses montrant des effets dans la plupart des études
  • que l’exposition des enfants et nourrissons, tout en étant faible, est plus forte que celle du reste de la population
  • que la DJA (50 μg/kg/jour) n’a pas besoin d’être révisée car presque tous les effets observés dans les études sont pour des doses égales ou supérieures.

Il y a pourtant des études pour lesquelles il y a eu des effets observés à des doses inférieures à 0,33 μg/kg/jour. Ce sont des études menées sur rats et singes, indiquant un possible toxicité pour le fœtus et le développement des enfants (mauvais développement de la prostate, baisse de fertilité). Les études cliniques sur l’Homme restent à mener pour pouvoir conclure.

Si cette nouvelle est très inquiétante, elle ne justifie pas l’image d’ennemi public numéro 1 de l ‘ensemble de la population, qu’on fait au BPA.

Mes conclusions

La campagne contre le BPA est une opération de comm de certains groupes écologistes, relayée par des journalistes tout aussi peu scrupuleux. (si vous n’êtes pas d’accord, votre contr’argumentation est la bienvenue)

Il y a cependant des études qui montrent une possible toxicité pour les femmes enceintes, les nourrissons et dans un moindre mesure, les jeunes enfants. Pour ces groupes, le principe de précaution s’applique.

J’aborderai les solutions dans un prochain article

Sources

(1) http://reseau-environnement-sante.fr/2012/10/04/ressources/veille-scientifique/bisphenol-a-synthese-des-etudes-scientifiques-parues-doctobre-2011-a-fin-septembre-2012/

(2) http://medicalxpress.com/news/2013-02-meta-analyses-bisphenol-human-exposure-estrogenic.html

(3) http://www.efsa.europa.eu/fr/search/doc/252e.pdf

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