Résidus de médicaments dans l’eau : faut-il boire de l’eau en bouteille?

landscape-1160264_960_720Il y a des résidus de médicaments et d’hormones dans les eaux de surface, les batraciens changent de sexe et pourtant, ces molécules font pas partie des substances à rechercher systématiquement lors de contrôles de l’eau potable.

Pourquoi? Faut-il s’inquiéter et boire de l’eau en bouteille?

L’OMS a été saisie de la question par ses états membres en 2005 et a mené une méta-analyse à partir de données récoltées aux USA, au Royaume Uni et en Australie (1). Du coup, la France s’est dit que ce serait bien qu’on ait nos données à nous et a lancé sa propre étude, en 2007 (2) . Les deux rapports ont été rendus en 2011 et arrivent aux mêmes conclusions.

Quelles sont les concentrations de médicaments et d’hormones dans l’eau potable ?

« Parmi tous les principes actifs des médicaments à destination humaine et vétérinaire, nous en avons choisi 45 particulièrement utilisés», m’explique Pascale Panetier, chef d’unité évaluation des risques liés à l’eau à l’Anses.«Puis nous les avons recherché dans 300 points de captage, répartis sur tout le territoire. Pris ensemble, ces points de captages desservent 24% de la population française donc bien que l’étude  ne soit pas exhaustive, elle est très représentative ».

Pour environ 75% des échantillons d’eau traitée, qu’elles soient d’origine souterraine ou superficielle, aucune de ces 45 molécules n’a été quantifiée. Plus de 90% des échantillons présentent une concentration cumulée inférieure à 25 ng/L. La teneur cumulée maximale est de 131 ng/L dans un échantillon.

Ces doses sont-elles dangereuses pour la santé ?

«Nous avons ensuite choisi les molécules à destination humaine et vétérinaires les plus courantes (3) et nous avons cherché si en les consommant une vie entière aux doses maximales relevées, il y avait un risque pour la santé. Nous trouvé que non» poursuit Pascale Panetier.

L’OMS arrive à la même conclusion. Les doses trouvées sont 1000 fois inférieures à la Dose Thérapeutique Minimum, donc en l’état actuel des connaissances, ils concluent que même une exposition chronique est sans danger.

En conséquence et vu le grand nombre de principes actifs à surveiller (3000 pour les médicaments humains, 300 pour les médicaments vétérinaires), l’OMS a conclu qu’il n’était pas nécessaire d’inclure ces molécules dans la liste des substances à rechercher systématiquement lors de contrôles de l’eau potable.

Les Agences Régionales de Santé font des études de temps en temps ajoute Pascale Panetier, et les quantités qu’ils trouvent restent dans les ordres de grandeur trouvés par notre étude.

Quels sont les médicaments les plus identifiés?

Les molécules les plus trouvées sont des neuroleptiques. Le plus fréquent, un antiépileptique, a été retrouvé dans 15% des échantillons contre 4% seulement pour le paracetamol ! « Ce sont des molécules très difficiles à éliminer par les stations d’épuration et qui ont une ½ vie très longue » m’explique Christophe Rosin.

Par contre, pas d’oestrogène ni de progestérone. Pourtant, on reproche aux femmes infester les rivières de leurs hormones, surtout depuis que nous prenons la pilule.«L’absence d’hormone féminines ne nous a pas étonné » commente Christophe Rosin, chef adjoint de l’unité chimie du laboratoire d’hydrologie de Nancy.«Ce sont des molécules bien dégradées par le chlore, dans les stations d’épuration».

Seulement 5,7% des échantillons comportaient des traces d’antibiotiques à usage vétérinaire alors qu’ils sont sensés être d’usage courant dans les élevage intensifs. Les experts de l’Anses n’avaient pas d’explication. Peut-être ces élevages sont-ils concentrés dans certaines régions et non sur tout le territoire national…

Comment ces médicament arrivent-ils dans l’eau et que faire pour l’éviter ?

Les médicaments destinés à l’homme arrivent dans les eaux de surface via nos WC, soit que nous y jetions des médicaments périmés, soit que nous les utilisions de façon plus conventionnelle.

Même jeter les médicaments dans la poubelle est problématique car il peut y avoir des fuites dans les décharges.

Enfin la 3e principale source de contamination vient des infiltrations de déjections animales dans le sol, qui finissent dans les nappes phréatiques. Notez que les élevages bios n’utilisent pas d’antibiotiques…

Les stations d’épurations ne prennent aucunes mesures particulières pour éliminer les médicaments de l’eau mais les systèmes efficaces contre les pesticides le sont aussi contre bon nombre de principes actifs et hormones.

Conclusion

Capture d’écran 2018-05-06 à 15.30.34

Il n’y a pas de raison de s’inquiéter sur la présence de médicaments dans l’eau. Contrairement à ce qu’on lit parfois dans les média, la question a été étudiée et les résultats permettent de conclure à l’absence de danger pour l’homme.

Il n’en est pas de même pour les espèces aquatiques alors, ramenons nos médicaments périmés chez le pharmacien et privilégions les produits animaux bio.

Abonnez vous à la newsletter (en haut, à droite)

Sources

(1) https://extranet.who.int/iris/restricted/bitstream/10665/44630/1/9789241502085_eng.pdf

(2) https://www.anses.fr/fr/system/files/LABO-Ra-EtudeMedicamentsEaux.pdf

(2) la Carbamazepine, un antiépileptique, la Danofloxacine, un antibiotique vétérinaire, l’Ibuprofène et deux autres principes actifs

5 réflexions sur « Résidus de médicaments dans l’eau : faut-il boire de l’eau en bouteille? »

  1. Si je comprends bien, l’étude ne concerne que 24% de la population , soit environ 16 millions de français ce qui est somme toute assez peu et ne nous dit pas si les 16 M sont les populations des grandes villes (2 ou 3 grandes villes françaises suffiraient) ou si les études ont été réparties sur tout le territoire.
    Une de mes amies ne pouvant avoir d’enfant a arrêté de consommer de l’eau du robinet et est tombée enceinte peu de temps après … il va falloir plusieurs autres études probantes pour convaincre les populations 😉

    • Je connais peu d’études scientifiques dont l’échantillon soit si grand.1/4 de la population, c’est énorme. Et oui, il y a les grandes villes. Il y a 5 prélèvements par département dont la principale ville.

    • J’ai rajouté le paragraphe sur la progestérone dans le texte. Pour les perturbateurs endocriniens, ce ne sont pas des médicaments d’après ce que je comprends donc ce n’était pas le sujet de l’étude. L’Anses mène des recherches par ailleurs et il semble que l’eau ne soit pas un contributeur majeur. Je n’ai pas fini mes recherches sur ce sujet là.

  2. Ping : Du nouveau sur l’eau de MON robinet | Mes Courses à la Loupe

Répondre à marceau Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.