Imaginons que, frustrée de soleil, je passe l’hiver à manger des tomates et des poivrons. Quel serait l’impact sur le climat?
Pour répondre à cette question, j’ai fait appel à la base de données FoodGES, de l’Ademe. Elle liste les gaz à effet de serre (GES) émis par nos aliments, en tenant compte de la production, du stockage éventuel, du transport et de la commercialisation (éclairage des magasins, réfrigération etc. )
Pour les légumes d’été et les fraises achetés en hiver, deux cas de figure principaux :
Ils peuvent avoir été cultivés sous abris non chauffés dans des pays du pourtour méditerranéen, principalement en Espagne et au Maroc.
Ils peuvent avoir été cultivés en serre chauffée dans diverses contrées que vous n’aurez aucun mal à identifier comme moins ensoleillées, parmi lesquelles la Bretagne et les Pays Bas. Outre le chauffage, ces serres sont éclairées de façon à reproduire la longueur des jours en été, comme on le voit sur cette photo.
L’impact sur le climat est complètement différent:
Quand ils ont été cultivés sous tunnel non chauffé, même en Andalousie, les légumes d’été de contre-saison ne posent pas de problème climatique majeur. Les camions transportant jusqu’à 30 tonnes de cargaison par voyage, les émissions rapportées au kilo de légume sont faibles.
Par contre il vaut mieux éviter ceux qui ont poussé sous serre chauffée, en Bretagne ou plus au nord.
Quand commence la saison pour les légumes d’été? J’ai posé la question à la chambre d’agriculture des Bouches du Rhône. D’après le conseiller technique, les bonnes années, on peut trouver des tomates provençales cultivées sous tunnel à partir de mai et jusqu’à octobre.
Enfin, les variétés conçues pour résister à de longs transports en camion, ou très productives pour amortir le chauffage, sont généralement insipides. Une tomate à contre-saison, c’est essentiellement une boule rouge. Pourquoi diable s’acharner à en acheter quand il y a une telle variété de légumes d’hiver?
Cependant, les serres chauffées ne sont qu’une aimable plaisanterie à coté des légumes importés par avion, et notamment les haricots verts (ou certains fruits exotiques).
A contre saison, certains haricots verts viennent du Kenya par avion. Ma recommandation est simple: n’en achetez SOUS AUCUN PRETEXTE. On les trouve même en plein été, épointés et joliment rangés dans des petites barquettes, car la main d’oeuvre là-bas est moins chère.
Comparateur d’écogestes
Imaginons que je mange des tomates hors saison, disons 3 fois par semaine. Et des haricots verts du Kenya (et/ou des mangues, ananas importés par avion) deux fois par mois. De combien réduirais-je mon empreinte carbone si j’achète de saison?
Emissions CO2 économisées pour différents écogestes
liste complète et actualisée ici
Bien que d’après mes hypothèses de calcul je consomme 6 fois moins de haricots verts que de tomates, leurs émissions carbone sont presque le double! Et 10 fois plus qu’un fruit ou légume européen et de saison.
Néanmoins, notre objectif est de réduire nos émission de 2 tonnes par an (explications dans le article Environnement). Chaque portion de haricot vert ou d’ananas importé par avion envoie 1 kilo de CO2 dans l’atmosphère… C’est à la fois non négligeable et dérisoire… Disons qu’un écart de temps en temps permet de tenir sur la durée. Mais il ne faut pas en faire régulièrement en ce disant, 1 kilo par ci, 1 kilo par là, quelle importance?
Par ailleurs, dans le cas des ananas, la différence entre par avion et par bateau est substantielle. Mais pour les haricots verts? Pourquoi ne pas tout simplement les acheter surgelés? (Lire article: Faut-il tout acheter frais?)
Conclusion
Vous voulez du rouge dans votre salade ? (hors saison, on ne saurait parler de goût) Achetez des tomates d’Espagne!
Par contre, évitez les fruits et légumes importés par avion. Même une fois de temps en temps.
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